L’arroseur arrosé

Histoires de stations

Je tire une valise vide, rien à l’intérieur, c’est  une blague faite à ceux qui s’accrochent à la leur !

Une jeune femme, presque jeune fille, oublie sa sagesse pour lancer une toux caverneuse.

Reflets du côté fenêtres, les barres de la rame et les points jaunes des stations, reflets transformés sur peinture grise du wagon. Clic !

Plaisance, une jeune fille, encore adolescente, concentrée sur l’ouverture et la fermeture de sa bouche, l’air ailleurs. Tout près de la jeune fille sage et de ses bruits de gorge. Clac !

Montparnasse, un lacet défait glisse entre des semelles imposantes. Se laisse trainer le long des marches comme le ferait un enfant fâché. Des doigts vont vers lui, le gratouille et lui redonnent la forme. Clic ! Clac !

Les doigts et la fermeture éclair

La porte est lourde, moi aussi. Ouverture sur la rue Campagne Première ! Un sac moyen et sur le dos à quelques pas de moi. Le coude gauche pointe vers le ciel et à son bout, des doigts gesticulent. Clic !

Au sommet du sac une accroche et juste en dessous la fameuse fermeture éclair… Son sourire se fait par moitié, un côté rejoint l’autre. Le bout de l’index et du majeur trottinent et s’exaspèrent. Ils appellent au secours et sont entendus. Le coude droit se positionne en seconde tourelle. Clac !

Les paumes sont cachées un peu boudeuses. Les jambes marchent et huit doigts courent. Telles de très vieilles tantes offusquées, les pouces sont Tendus à l’extrême.  Clic ! Clac !

Je raconterais bien à cette femme, la grande histoire de son sac. La fermeture a eu lieu, moi et le récit passons sous silence.

Contestations invisibles !

Beauvais,  pas envie d’y aller, Jean si…. Non vraiment, envie pas trop….. Á Beauvais ? Bof… Bon, on y va à Beauvais !! Nous y allons à Beauvais.

La cathédrale, pas celle d’Amiens la plus formidable d’Europe ou du monde, non celle de Beauvais. Toutes les petites statues qui sont bien restaurées à Amiens sont là, absentes. Leurs empreintes comme remarques contestataires. Clic !

La porte capitonnée et au-delà, des vitraux, dégradés de couleurs de haut en bas. Du monochrome aux bleus qui tirent sur du violet et se lancent  jusqu’aux rouges. Clac !

Passage du classicisme au moderne, abstraction limitée par deux dessins sur vitre du XIII° siècle noirs et blancs. Deux tranches de mains absolument jointes, aussi un homme effondré contre les plis de tissus. Clic ! Clac !

 

L’arroseur arrosé #1

Vous le dire ! Je suis photographe et donne à voir à travers un objectif. Entre lui et moi, rien ne peut être exprimé, c’est ainsi.

Un quart d’heure, c’est la durée qui s’offrait à moi devant ces grilles piquantes du jardin du Luxembourg. Mes chaussures descendent l’ensemble de mon corps en bas des escaliers de pierre. La fontaine est ma destination, une évidence ! Oui mais…

Une mouette, ou est-ce un goéland, contourne la pelouse. Ses pattes se lèvent un peu et posent avec parcimonie chaque doigt sur le sol gravilloneux. Le correcteur orthographique se métamorphose en poète et m’assure : gravillon-eux, je prends !  Les plumes de son dos se froissent et se désolidarisent. L’oiseau se dessine un peu frileux. CLIC !

La pelouse interdite fait la pose. Un cri en transporte treize, les mouettes planent, orage ahurissant. La nuque renversée, je vois. CLAC !

Insignifiants, quinze oiseaux-mouettes squattent une portion de la surface verte. Le bec canalisé par la gravitation, elles se montrent  besogneuses. CLIC,CLAC !!