Zoom sur la série « Les Murs »

Plusieurs séries composent la suite des Murs ; c’est là moins la forme que l’équilibre des tensions que recherche Noëlle Echiffre. L’effet visuel approche les tentatives minérales des artistes peintres : un art de la vie dans sa dimension la plus informelle ; le moyen d’énoncer la réalité dans la seule perception de l’espace et du temps, et nier l’abstraction.
Le temps figuré.

Il est omniprésent, énigmatique et insondable ; lorsqu’il est visible toujours il nous révèle une forme passée. Ces altérations sont si intenses qu’elles gardent les allégresses, les outrages et les désastres que le temps a causés. Fissures et craquelures animent la surface puisque rien n’est effacé. L’ultra-plat n’existe pas. Ces marques brisent l’inanimé, pansent les plaies d’une terre blessée, capable de reprendre vie pour une revanche vers son état premier. La vie vient de ce que les traces ont écrit et ce mouvement est une réconciliation de la matière et de l’esprit.

Parce que notre perception du temps vivifie pleinement la matière que réciproquement son introduction dans le champ spirituel favorise l’élan dans un monde flottant, insondable et sensible. Nos émotions ont trouvé refuge dans les mouvements, les creux, les bosses, les profondeurs et sommets de ce qui avait écorché notre sensibilité.

La densité de la matière triomphe de l’opacité où les corps ont figé la lumière : un jeu de strates découpe l’espace et comprime le passé pour l’éternité. Enfin l’esprit se libère et s’offre à tous les possibles : le temps futur est annoncé.

Prune Mallet, historienne d’art.